APOLLO 11 – Première partie
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Après le discours du 25/05/1961 devant le Congrès du Président Kennedy (fraîchement élu depuis 4 mois) orientant sa politique spatiale, c’est son discours dont voici un extrait ci-dessous du 12/09/1962 à la Rice University à Houston qui précisera l’action de l’Agence Spatiale Américaine pour les dix années à venir.
Avant le discours, Kennedy serre la main de Von Braun sur le tarmac de l’aéroport !
« Nous avons choisi d’aller sur la Lune. Nous avons choisi d’aller sur la Lune au cours de cette décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce que c’est facile, mais justement parce que c’est difficile. Parce que cet objectif servira à organiser et à offrir le meilleur de notre énergie et de notre savoir-faire, parce que c’est le défi que nous sommes prêts à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de remporter, tout comme les autres. »
Discours du Président
L’histoire étant ce qu’elle est, ce Président sera assassiné à Dallas le 22/11/1963, son vice-Président Lyndon Johnson passera aux commandes du pays par la force des choses, et ensuite Richard Nixon lui succèdera le 20/01/1969. La résultante sera que 400 000 personnes vont travailler de près ou de loin à ce projet de débarquement humain sur la Lune.
Nous y voilou, nous y voilà, Je vous avais dit lors de mon article relatif à la mission Apollo 10 « répétition générale » que toute menace soviétique était écartée, et bien il aurait fallu me croire à moitié.
Dans une dernière tentative d’une énième première Russe, la sonde Luna 15 pressentie à ramener des échantillons de roche lunaire, décolle le 13/07/1969 soit 3 jours avant le lancement d’Apollo 11, mais malheureusement finira sa course écrasée dans la mer des crises sur la Lune. Cette sonde a été envoyée à l’aide d’une fusée Proton, car la fusée N-1 (envoi potentiel de cosmonautes Russes) qui devait avoir des caractéristiques comparables à la fusée Saturn V ne ressemblait en fait qu’à une fusée Saturn IB et ne présentait que des échecs !
Juin 1969, derniers préparatifs : Armstrong à gauche, Collins au centre, Aldrin à droite !
La chaleur du soleil de Floride monte rapidement ce 16/07/1969 (il y a un peu plus de 54 ans); ce jour qui commence est celui de toutes les premières fois. Quelques ingénieurs et collègues astronautes sont venus partager en silence leur petit déjeuner avec l’équipage. Dans la salle d’habillage, les rares plaisanteries sont un peu forcées, pas très drôles. Neil Armstrong (Commandant de la mission), Edwin « Buzz » Aldrin (Pilote du LM) et Michael Collins (pilote du CSM) sont scellés dans leur combinaisons.
C’est Buzz qui permet une petite décharge d’adrénaline ; au moment de monter dans le bus qui le conduira sur le site du lancement, il s’aperçoit en s’énervant (oui, un certain caractère explosif) qu’il avait perdu une de ses fameuses bagues et pas la moindre, c’est la chevalière maçonnique de son grand-père. On fouille, on cherche et on finit par retrouver l’objet de valeur dans la poubelle de la salle d’habillage. Le gant d’Aldrin est descellé, la bague vient rejoindre les autres, c’est parfait le gant est à nouveau scellé ; le public ne saura rien de ce léger retard et en silence, on roule vers le pas de tir.
La réalisation de l’ingénieur en chef Wernher Von Braun se trouve devant eux, la Saturn V, engin à la fois magnifique et monstrueux !
Dans les ateliers de McDonnell-Douglas à Huntington Beach, les ingénieurs cherchaient à alléger le troisième étage de la fusée; quelqu’un eut l’idée de remplacer le dôme du réservoir en métal par de la fibre de verre !!!
Incroyable, une bande de Beach Boys bronzés aux cheveux longs, débauchés, qui connaissaient parfaitement ce matériau présent dans leurs planches de surf et qui serviront de conseillers techniques au programme Apollo…
Depuis la salle d’habillage et avant de monter dans le bus qui les conduira vers la pas de tir ; 30 minutes de retard à cause d’une chevalière !
Pour arracher le train spatial (CSM + LM) de l’orbite basse et l’expédier vers la Lune, le 3ème étage devra brûler 82 tonnes de carburant, mais avant cela il aura fallu insérer en orbite autour de la Terre cet énorme colis de 132 tonnes, d’où les 28 tonnes supplémentaires du 3ème étage (dans une partie duquel est enfermé le train spatial !) et les 480 tonnes du second étage. Bien entendu, cette formule n’est possible que lorsque le 1er étage aura brûlé ses 2169 tonnes de kérosène et d’oxygène liquide. Tout ceci pour élever péniblement l’édifice à 67 km d’altitude, à mi-chemin de la limite de Karman (la frontière avec l’espace extra-atmosphérique).
Cet édifice est constitué pour les 9/10ème de 2800 tonnes de liquides explosifs (une petite arme nucléaire tactique) ; la NASA parle d’une puissance équivalente à 85 barrages Hoover (un énorme ouvrage hydroélectrique qui alimente en électricité l’Arizona, la Californie et le Nevada).
L’oxygène est absent dans le vide de l’espace et pourtant indispensable à la combustion. L’hydrogène remplaçant le kérosène dans les second et troisième étages est comprimé et maintenu à l’état liquide respectivement à – 183°C et – 233°C. Le soleil éclatant de Juillet darde ses rayons sur la paroi de cette fusée ; ces réservoirs ultra-froids se couvrent de givre et des contraintes thermiques disparates travaillent la fusée. Les astronautes pourraient nous le dire : durant les interminables minutes de la montée en ascenseur, ce monstre de 110 mètres de hauteur craque, gronde et grince, il a l’air vivant !!!
Bon, je passe le rituel de la porte de l’espace (Günter Wendt), nos trois astronautes franchissent la passerelle du dernier étage pour accéder dans le nid où se trouve la capsule.
Installés et couchés sur le dos épaule contre épaule, coincés entre leur siège et le panneau d’instruments à 50 centimètres au-dessus d’eux, ils attendent depuis des heures. Il y a un peu plus de place qu’à l’intérieur d’une capsule Gemini mais ce n’est pas large ! Les 3 hommes entendent un bruit sourd métallique ; la passerelle qui les avait amenés dans la capsule vient de se désaccoupler, encore un autre lien rompu avec la Terre.
4 minutes avant la séquence automatique d’allumage, la voix de Jack King, responsable de l’information publique de la NASA, est relayée dans les salles de contrôle de Houston et diffusée par des haut-parleurs sur le site de lancement de Floride, retransmise par les chaînes de télé et suivie à la radio par le million de spectateurs qui se sont arrêtés sur les parkings et les autoroutes aussi près qu’ils pouvaient de Cap Canaveral.
Le véhicule est en train d’être pressurisé au niveau de ses réservoirs de propergol et tous les systèmes sont « go » (ça veut dire ok) !
Nos trois hommes dans la capsule Columbia sentent, sous leur dos, la fusée commencer à vibrer ; dans un immense bruit d’usine, les turbo-pompes tournent maintenant à plein régime.
2 minutes et 10 secondes et le décompte continue, les réservoirs du second et du troisième étage sont désormais pressurisés.
Les hommes sont extrêmement concentrés et se préparent à recevoir l’entièreté des commandes de la mission dès que le décollage – dont la séquence automatisée est pour le moment contrôlée par les ordinateurs du Cap – aura eu lieu.
30 secondes et le décompte continue, les astronautes rapportent qu’ils se sentent bien. Certaines des passerelles mobiles de la tour de lancement se rétractent.
T moins quinze secondes, le système de guidage est transféré à l’équipage. J.King maîtrise moins bien le son de sa voix ; la tension et l’enthousiasme percent.
Douze, onze, dix, une monstrueuse cascade, des millions de litres d’eau se déversent dans la fosse du pas de tir pour atténuer le tonnerre imminent.
Début de la séquence automatique d’allumage, les cinq tuyères à la base de la Saturn V déchaînent les enfers, la fusée commence à tirer sur ses derniers crampons !
6,5,4,3,2,1 Décollage. Nous avons un décollage à 32 minutes après l’heure pile !
Décollage
C’est une véritable pluie de plaques de givre, la fusée s’élève et elle s’allège de 15 tonnes de carburant à chaque seconde, elle accélère !
Les « G » encaissés par les astronautes augmentent, un au départ puis 3 après 120 secondes juste avant l’extinction du premier étage ; les 3 hommes sont plaqués sur leur siège par une force équivalente à presque 4 fois leurs poids.
L’arrêt instantané de la poussée leur fait ressentir comme un brusque freinage qui les projette vers l’avant dans leur combinaison, et ensuite l’allumage des moteurs du second étage les tire à nouveau vers l’arrière, comme une claque et pareil avec l’extinction du second étage et le bref allumage du troisième. Un rugissant tour de montagnes russes qui les place en orbite et en impesanteur douze minutes après le décollage…
Une orbite et demie et le troisième étage est allumé une dernière fois pour s’éjecter vers la Lune.
Collins qui peine à se débarrasser d’un tic de paupière depuis le matin, détache le vaisseau CSM , fait demi-tour, et tandis qu’il tient le module de descente du LM dans son viseur, s’y arrime par le nez à la perfection.
D’un délicat coup de rétrofusées, il extrait le LM de son logement; le troisième étage désormais vide est expulsé au loin sur une orbite autour du soleil.
Il est 12h 42 ce Mercredi 16 Juillet et le train spatial est lancé comme un boulet de canon vers la Lune.
Arrivée prévue dans 3 jours dans la banlieue lunaire.
Collins dans Columbia, le module de commande ! Le « sacrifié », il attendra sagement en orbite autour de la Lune ses compagnons…
La suite bientôt…