Gavriil Tikhov, un scientifique méconnu
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L’exobiologie est une science interdisciplinaire qui étudie les processus chimiques ou biochimiques pouvant mener à l’apparition de la vie, aussi bien sur Terre que dans l’espace. Une science qui a aujourd’hui le vent en poupe, avec le développement de nombreuses missions spatiales ayant pour but de détecter des signatures biologiques – les fameuses biosignatures – aussi bien dans le Système solaire que sur d’éventuelles exoplanètes de la Galaxie.
Le biélorusse Gavriil Adrianovitch Tikhov vient au monde le 1er mai 1875. Des études universitaires suivies à Paris feront de lui un chercheur « touche à tout ». Tikhov s’intéresse d’abord à l’espace et il commence en 1906 une carrière d’astronome au célèbre observatoire de Pulkovo, non loin de Saint-Pétersbourg. C’est un chercheur pluridisciplinaire qui s’intéresse aussi bien aux corps du Système solaire qu’aux étoiles variables, ou encore à l’absorption interstellaire.
Il est nommé correspondant de l’Académie des sciences d’URSS en 1927. En 1941, il se rend au Kazakhstan pour suivre une éclipse totale de Soleil. Après s’être installé à Alma-Ata au Kazakhstan, Tikhov crée un département d’astrobotanique à l’académie des sciences kazakhe. Car en plus de l’astronomie, il est passionné par l’étude des plantes qui survivent dans des milieux extrêmes. Il montera alors des expéditions vers les contrées les plus extrêmes de l’URSS pour y étudier les plantes de la Toundra. Des recherches qui vont jusqu’à le convaincre de la présence de végétation sur la planète Mars, planète sur laquelle il cherchera la présence de chlorophylle en analysant la lumière de la planète rouge. S’il voyait aujourd’hui les images transmises par nos rovers martiens…
Gavriil Tikhov est aujourd’hui considéré comme le pionnier de l’exobiologie. Mais à l’époque de ses recherches, existait le tristement célèbre « rideau de fer » marqué par la frontière fortifiée entre les pays tournés vers les Etats-Unis et ceux placés sous l’influence soviétique. Du fait que Tikhov publiait ses articles en russe et qu’il se trouvait derrière le rideau de fer, ses écrits ne passeront pas à la postérité. Dommage pour celui qui, le premier, avait prédit que notre planète vue depuis l’espace était bleue.
Tikhov décède le 25 janvier 1960, à l’âge de 84 ans. Cinq ans plus tard, la sonde américaine Mariner 4 survole la planète Mars et montre que la végétation martienne est inexistante. Le département d’astrobotanique de Tikhov est lui aussi tombé dans l’oubli. Mais des références au chercheur biélorusse demeurent, grâce aux cratères lunaires et martiens qui portent son nom. Et l’astéroïde numéroté 2251 se nomme Tikhov.
Gilles