HOUSTON, we’ve had a problem (Apollo 13 préambule)
PUBLIÉ DANS RÉCITS > ASTRONAUTIQUE
Avant de débuter cette nouvelle saga et la suite des missions Apollo, nous allons nous apercevoir que l’incident qui s’est déroulé à plus de 300 000 km de la Terre pour la mission Apollo 13 est la résultante d’une suite d’erreurs humaines.
Il existe 2 réservoirs d’oxygène dans le module de service, le n°1 et le n°2 :
Voici, pour bien cibler le problème, la coupe du module de service (sans le module de commande) où apparaissent en haut en jaune les 3 piles à combustibles, juste en dessous en bleu les 2 reservoirs d’oxygène, et en rouge encore en dessous 2 réservoirs d’hydrogène.
Le réservoir n°2 (à l’origine de l’explosion) avait été initialement installé par la société North American Rockwell sur le SM d’Apollo 10 (SM 106), mais dut être démonté avec son cadre de maintien pour corriger potentiellement un problème d’interférence radio. Au démontage à l’aide d’une grue, un des quatre boulons fixant le système ne fut pas desserré et déforma l’ensemble sur 5 cm vers le bas, et endommagea une conduite de remplissage/vidange. Quelques tests supplémentaires, ne comportant pas de remplissage de ce réservoir avec de l’oxygène liquide, furent effectués.
En novembre 68, la NASA décida d’installer le réservoir d’oxygène et son support dans le module de service d’Apollo 13 (SM 109).
Le temps passe et nous voici déjà le 16 mars 1970 ! Les premiers tests liés à la préparation du vol (Countdown Demonstration Test) débutent, et il est question de remplir les réservoirs du SM afin de les tester. Les réservoirs sont ensuite vidangés, mais le réservoir n°2 refuse de se vider ! On décèle alors une déviation de la conduite de vidange. On maintient le réservoir en place et on ne s’occupe pas de changer cette conduite, car il n’est pas prévu qu’elle soit utilisée en vol !
Une nouvelle tentative de vidange du réservoir n°2 s’effectue le 27 mars (décollage le 11 avril). Mais de nouveau, impossible de vider ce 😡….. de réservoir.
On décide de surchauffer le réservoir afin de forcer l’oxygène à sortir par ébullition !! Aie aie aie ! En 1965, les instruments de bord des vaisseaux Apollo sont conçus pour fonctionner avec une tension d’alimentation de 28 V maxi. Les dispositifs de chauffage dans les réservoirs sont équipés d’un thermostat qui coupe l’alimentation si la température atteint les 26°. Sur son pas de tir, la tour fournit du 65 V : un voltage incompatible avec le voltage du bord qui supporte seulement du 28 V !
La société mentionnée plus haut demande à ses sous-traitants de modifier tous ses équipements afin qu’ils soient compatibles avec ceux du sol, sauf les rupteurs de thermostat ! Durant 8 heures, les résistances chauffantes du réservoir n°2 sont soumises à une tension de 65 V. Résultat, les deux rupteurs fondent et se soudent et bien évidemment ne remplissent plus leur rôle. Ils avaient pour fonction de couper l’alimentation électrique des résistances de chauffage lorsque la température dépassait les 27°, en vérité la température va monter d’une façon considérable bien au-dessus !
La graduation du cadran composant le thermostat s’arrête à 29°, donc aucune valeur ne peut être constatée au-dessus de ce nombre faussant ainsi toutes interprétations de températures situées au-dessus de cette valeur « plafond » ! Le réservoir en question va être vidangé, mais à quel prix ! Le technicien chargé de la vidange ne va rien trouver d’anormal, ni la chaîne d’ingénieurs et de techniciens de la NASA en amont d’ailleurs. Plus tard, lorsque les résultats de l’enquête auront été produits, on découvrira que la température aura grimpé jusqu’à atteindre 530° lors de la vidange, vaporisant ainsi les isolants en téflon des câblages à l’intérieur du réservoir n°2.
Résultat, à 55 h 54 mn 53 s après le décollage, Jack Swigert (pilote du CSM) actionne le brassage du réservoir n°2, un court-circuit entre les câbles dénudés du réservoir maudit produit des étincelles ! Le mélange téflon/oxygène hautement inflammable fait exploser le réservoir n°2, qui endommage les conduites du réservoir d’O2 n°1 au passage et bloque, par la même occasion, les valves de propulseurs de contrôle de position.
Ne partez pas, c’est pas fini !
Le panneau en aluminium du secteur n°4 est littéralement soufflé dans l’espace, et l’antenne à grand gain est endommagée ! Les réservoirs d’oxygène n’alimentant presque plus les piles à combustibles, nos 3 astronautes se retrouvent avec très peu d’électricité et d’eau !
Voici donc les résultats de la commission d’enquête à laquelle participera un certain Neil Armstrong !
Houston, nous avons eu un problème !
A bientôt pour la mission.
Didier