L’archéo-astro-botanique, ou comment les arbres nous parlent d’évènements solaires lointains…
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La dendrochronologie permet d’étudier les anneaux visibles sur un tronc d’arbre coupé, les fameux cernes. Et c’est en étudiant les cernes d’arbres subfossiles, c’est-à-dire quand la fossilisation n’est pas à son terme, que des chercheurs français et anglais ont repéré un pic de carbone 14 associé à une énorme tempête solaire.
Incorporé dans les organismes, le carbone 14 se désintègre à un rythme bien connu des chercheurs qui l’utilise alors pour dater un évènement précis. Et le radiocarbone est également produit dans la haute atmosphère terrestre à la suite de réactions provoquées par les rayons cosmiques ou des éjections de masses coronales faisant suite à des éruptions solaires majeures. Il en découle des pics de production de radiocarbone parfaitement identifiables.
Ainsi, les scientifiques ayant étudié les cernes d’arbres sur les rives de la rivière Drouzet, dans le sud des Alpes, ont mis à jour une concentration particulièrement élevée de radiocarbone datée de 14 373 ans, admirez la précision ! Parallèlement à cette découverte, des carottes de glace prélevées au Groenland ont montré elles aussi une concentration élevée d’un isotope du béryllium datée également de 14 300 ans. Tout comme le carbone, le béryllium peut-être associé à une tempête de radiations solaires. Pour les scientifiques, ces deux signatures parfaitement liées par leurs dates ont été causées par une tempête solaire majeure, la plus importante enregistrée au cours des derniers 15 000 ans. Si elle se reproduisait aujourd’hui, une telle éruption de masse coronale produirait des aurores boréales visibles jusqu’à l’équateur terrestre ! Et non sans provoquer des dégâts importants sur bon nombre de satellites artificiels, mais également causer des pannes électriques planétaires. A noter que des pics de radiocarbone pourraient également provenir d’explosions d’étoiles proches.
Le prochain pic d’activité du Soleil, prévu en 2025, montre que notre étoile est actuellement plus active que ce que prédisaient les modèles. Serons-nous les témoins d’une éruption solaire majeure dans quelques mois ? C’est possible mais pas probable, ce type d’évènement n’étant pas prévisible. Le Soleil est observé 24h/24h sans interruption, depuis les observatoires terrestres ou les satellites dédiés à sa surveillance (avec de belles images sur le net) ; les alertes d’orages magnétiques sont déclenchées lorsque c’est nécessaire. Quant à la puissance de ces tempêtes, on ne les connaît qu’au dernier moment… Remercions le champ magnétique terrestre qui, tel un bouclier géant, nous protège efficacement des fureurs de notre étoile pourtant modeste d’un point de vue astrophysique…
Levons les yeux au ciel, surveillons le Soleil, et attendons…