Fallen Astronaut
PUBLIÉ DANS RÉCITS > ASTRONAUTIQUE
Comme toutes les grandes entreprises ambitieuses voire dangereuses, les programmes spatiaux mis en place par les deux grandes nations de l’époque ont eu, malheureusement, leurs lots de drames.
Après l’horreur d’Apollo I ou encore le crash meurtrier de Vladimir Komarov, un autre malheur (parmi d’autres) est venu « allonger » la liste des défunts astronautes mentionnés sur cette plaque accompagnée d’une statuette déposée à la surface de la Lune par les hommes de la mission Apollo 15 en guise d’hommage.

Le 19 avril 1971 (moment situé entre Apollo 14 et Apollo 15), la première station spatiale de l’histoire SALIOUT I (après les échecs répétés de la N-1 de Korolev) est en orbite terrestre ; une première soviétique depuis la déculottée qui leur a été assénée par Neil Armstrong et d’autres marcheurs lunaires.
Soyouz 10 avec à son bord, Vladimir Shatalov, Aleksei Yeliseyev et Nikolai Rukavishnikov décolle le 22 avril 1971 très tard (oui, presque 4 jours après le lancement et la mise en orbite de SALIOUT I) avec pour objectif d’occuper cette station spatiale et d’y mener des expériences scientifiques. Une écoutille est ajoutée au système d’amarrage de ce Soyouz. Shatalov réussit la manœuvre de rendez-vous et s’amarre à la station, mais lorsque l’équipage tente de démonter l’écoutille du compartiment orbital pour accéder au tunnel qui mène à la station, ils n’y parviennent pas. Shatalov propose de se séparer de la station afin d’effectuer une nouvelle tentative. Craignant d’endommager la pièce d’amarrage de la station et de ce fait d’interdire tout autre mission, ils préféreront renoncer et revenir sur Terre. Deux jours après le lancement, le 24 Avril, nos trois cosmonautes regagnent le sol sains et saufs.
On ne lâche pas le morceau !
Soyouz 11 décolle le 6 juin 1971, trois solides gaillards Gueorgui Dobrovolski, Vladislav Volkov et Viktor Patsaïev sont aux commandes : direction Saliout I. L’équipage parvient à s’amarrer à la station et à y entrer à 200 km d’altitude.

Des dysfonctionnements se détectent comme cette odeur de brûlé ; il faudra mettre en route le système de ventilation durant une journée complète pour régler le problème. La Pravda donnera des nouvelles de l’équipage régulièrement ; ce qui est assez surprenant pour une Russie de l’époque. De nombreuses expériences dans le domaine biologique, astrophysique et médical seront réalisées. Il faut maintenant repartir sur Terre.
Tout va bien, on rentre !
Soyouz 11 se sépare de Saliout I sans problèmes.

A gauche, le module orbital (partie qui s’arrime à la station). Au centre (orange), la capsule qui revient sur Terre (et pas dans l’océan) comme les américains ; on distingue le bouclier thermique à l’arrière du « landing module » qui s’accouple avec le module de service. A droite, le module de service avec la propulsion et les panneaux solaires non visibles sur ce schéma.

Le tunnel d’accès à la station est représenté par cette partie cylindrique blanche, située entre le module orbital de forme ovale en blanc et l’entrée de la station en vert (petit diamètre).
Avant qu’il continue ses vols sur une capsule Crew Dragon de Spacex, Thomas Pesquet qui revenait sur Terre avec une capsule Soyouz, disait que chaque contact avec le sol était de l’intensité d’un petit accident de voiture.
Bon, il faut séparer le module orbital et le module de service de la capsule habitée ; sous l’action d’une douzaine de boulons explosifs, une des valves (régulant la pression entre l’atmosphère intérieure de la capsule et la pression extérieure à la capsule) ne devant s’ouvrir qu’à l’altitude de 5500 mètres d’altitude (en pleine atmosphère) s’ouvre dans l’espace. En dix secondes, la capsule se dépressurise et l’équipage tombe dans le coma. En moins d’une minute, l’air de la capsule est totalement vidé, tuant immédiatement les 3 cosmonautes d’hypoxie. La cabine touche le sol le 29 juin 1971. L’équipe de récupération ouvre l’écoutille, extrait les 3 hommes et tentent de les réanimer en vain.

Le drame de Soyouz 11 comme celui d’Apollo 1 n’ont pas suffit à stopper ces deux programmes dans leur continuité avec les succès qu’on leur connaît !
Des hommes nous auront prouvé que la mort n’est qu’un incident de parcours et qu’elle contribue à apprendre de nos erreurs pour poursuivre nos efforts jusqu’au but final résolument décidé.
Didier