APOLLO 11 – Quatrième et dernière partie

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Avant de décoller et de rejoindre Michael Collins en orbite lunaire dans son CSM, détaillons les derniers instants de cette sortie extra-véhiculaire devenue légendaire.

Le temps manquait à nos astronautes pour boucler les dernières activités ; l’une d’elle était le prélèvement d’échantillons « documentés » des roches sélectionnées avec soin avec le maximum d’informations sur leur contexte afin d’aider les géologues à comprendre leur mode de mise en place en surface et leur origine. Il faut photographier, avant et après la collecte, chaque échantillon avec dans le champ de vue un gnomon donnant son orientation et une échelle (pour la dimension et la couleur). Chaque échantillon est placé dans un sac individuel numéroté ; cette tâche devait être, à l’origine, réalisée à deux mais Houston annonce que par manque de temps, Armstrong la réalisera seul et en 10 mn au lieu de 30 mn! Pendant ce temps, Aldrin réalisera deux carottages dans le sol lunaire.

Malgré le manque de temps, Armstrong file en douce (on en a parlé précédemment) vers le cratère Little West, situé à une cinquantaine de mètres à l’est du LM et qui a été survolé de très près au moment de l’alunissage. C’est la plus grande distance parcourue par rapport au LM pendant cette mission.

Houston se rendra compte de l’escapade improvisée d’Armstrong qu’une fois le film de l’appareil photo développé ! (Surprenant Neil !) L’astronaute a réalisé en fait un spectaculaire panoramique du cratère de 30 mètres de diamètre montrant la présence de nombreux blocs sur son plancher. Le LM apparait au loin, Aldrin n’est pas visible car il se trouve au niveau du MESA , de l’autre côté du vaisseau !

En fait et selon la procédure complète, la collecte des échantillons documentés ne sera pas du tout documentée. Armstrong sélectionne une vingtaine de roches les plus diverses possibles dans une zone non directement contaminée par le moteur de descente du LM située entre le LM et le cratère double. 6 kg de roches au total sont prélevés à l’aide d’une pince (tongs) et placés dans un grand sac (Large Collection Bag).
Il les place ensuite dans le container à échantillons numéro 2, en les calant avec des échantillons de sol. Les échantillons non documentés satisferont quand même les géologues.
Rappelons toutefois que la partie scientifique était secondaire pour cette mission Apollo 11 (comme on en parlait auparavant, pour les officiels, planter la bannière étoilée et l’appel téléphonique de R.Nixon étaient prioritaires).
Dans un périmètre restreint autour du LM, Neil réalise qu’il y a encore beaucoup à découvrir mais l’EVA touche à sa fin. Les carottages et les affaires remballées, Aldrin regagne le LM et c’est au tour d’Armstrong, 13 mn après, de le rejoindre après avoir, non sans mal, scellé puis hissé le deuxième container à échantillons à bord du LM via le LEC (Lunar Equipment Conveyor). 

Bon, l’écoutille du LM est fermée et verrouillée.
Après une période de repos de 8 heures et une durée de séjour de 21h36 mn sur la lune, le décollage a lieu et l’étage supérieur du LM se place en orbite et s’amarre 3 heures et 40 mn plus tard au CSM qu’Armstrong et Aldrin ont réintégré avec leur précieux butin de roches lunaires. M.Collins est, vous le comprendrez, ravi de retrouver ses deux camarades. Le transfert complet effectué, l’étage supérieur du LM est abandonné en orbite autour de le lune (l’étage inférieur du LM, lui est encore actuellement posé sur la lune avec à son pied des équipements devenus non nécessaires et allégeant de ce fait le poids de l’étage de remontée du LM).

Tout le monde est dans le module de commande avec le module de service attenant prêt à propulser nos trois astronautes vers la Terre.

Le 22 juillet, à 4h58mn TU, le CSM quitte l’orbite lunaire pour un retour vers la Terre.
Deux jours et demi plus tard, le dernier élément du vaisseau Apollo (module de service) est largué.
Le module de commande (la capsule Apollo) rentre dans l’atmosphère terrestre à la vitesse de 10848 mètres par secondes ( presque 11 km/s).

Photo d’artiste car pas de possibilités de photographier l’évènement !

Ils touchent la surface de l’Océan Pacifique à 16h50mn35s TU ce 24 Juillet 1969 après le déploiement de trois parachutes freinant la capsule dans son approche de l’océan.

La mission Apollo 11 est terminée

Sur un des écrans de contrôle, on peut lire « Mission accomplie » ; cela fait référence à la mission elle-même mais aussi au défi à la course à la Lune lancé moins de 10 ans plus tôt par John F. Kennedy.
Par crainte que les 3 hommes rapportent des germes d’origine lunaire potentiellement dangereux ; ces derniers seront placés immédiatement en quarantaine après l’amerrissage.
A cet effet, une fois que les systèmes de flottaison ayant placé le CM (module de commande ou la capsule c’est la même chose) en position stable, apex (sommet du cône) vers le haut, les plongeurs fournissent aux trois astronautes des combinaisons biologiques qu’ils revêtent à l’intérieur de la capsule.
Ils sont ensuite hissés à bord d’un hélicoptère qui les dépose ensuite sur le porte-avions USS HORNET ; ils intègrent immédiatement le MQF (Mobile Quarantine Facility).
On décontamine le module de commande et on le hisse sur le navire. Parvenu à Hawaï, le MQF est transféré par avion à Houston au LRL (Lunar Receiving Laboratory) où il arrive le 28 juillet ! Le CM reste à Hawaï pour être désactivé ; il rejoindra le LRL le 30 juillet.
Les 2 containers à échantillons parviendront par des chemins séparés (manquerait plus qu’ils disparaissent !!!😫😥) au LRL le 25 juillet, directement par avion depuis le porte-avions !

Nos trois astronautes en quarantaine. R.NIXON est ravi du succès de la mission accomplie !

Le 10 Août 1969, les trois hommes sortent de leur période de quarantaine. Columbia (la capsule ou le module de commande) est exposé au Smithsonian National Air and Space Museum à Washington D.C.
A la sortie de la quarantaine, nos trois astronautes prendront part à des festivités données partout dans le monde en leur honneur.
Broadway à New-York, Chicago, Los Angeles ; vingt-quatre pays visités en une quarantaine de jours ; deux tours du monde d’après le kilométrage relevé.
Ce Giant Leap Tour fut plus éprouvant que le voyage sur la Lune lui-même !

Le 8 Octobre, ils donnent une conférence de presse au siège de l’UNESCO à Paris, participent à cinq réceptions officielles et reçoivent pas moins de trois médailles:
– La Vermeil à l’hôtel de ville
– La croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à l’Elysée
– La grande médaille d’or de l’aéro-club de France au Palais de Chaillot

Sur les 21,6 kg de roches et sols ramenés, la plupart des 58 échantillons individuels sont des basaltes (les constituants des mers lunaires). Ces basaltes sont similaires à ceux formés sur Terre mais ils sont plus riches en titane.

Trois nouveaux minéraux seront identifiés dont l’un deux est l’Armalcolite (ARMstrong-ALdrin-COLlins). C’est un oxyde de titane contenant du fer et du magnésium qui n’est pas restreint aux roches d’Apollo 11 puisqu’il est également présent dans des basaltes d’Apollo 17.

Le deuxième minéral est la Tranquillityite (ne riez pas !) en référence à la mer de la Tranquillité ; c’est un silicate de fer et de titane que l’on rencontre aussi dans les météorites lunaires. Beaucoup plus rare à dégoter sur terre où la découverte a été réalisée dans des roches magmatiques anciennes en Australie en 2012. Le troisième minéral est la Pyroxferroite ; un type de pyroxène qui avait été synthétisé en laboratoire, mais jamais observé dans des roches terrestres.
Deux types de basaltes ont été distingués sur le site d’Apollo 11 ; le plus remarquable est qu’ils se sont formés à partir de coulées de lave il y a 3,57 et 3,85 milliards d’années. Sur Terre, les roches n’ont que très rarement 2,5 milliards d’années et presque jamais 3 milliards d’années. On ne connait en détail que les derniers 500 millions d’années de son histoire.
L’étude de la Régolithe du site d’Apollo 11 a révélé qu’il comporte 20% de matériaux qui ne proviennent pas de la mer de la tranquillité; ils ont été éjectés et ont atterri sur le site lors de la formation de cratères d’impact dans les highlands lunaires environnants. On en déduit que les Highlands lunaires sont composés à grande majorité de roches étant des anorthosites, une roche riche en plagioclase (une variété de feldspath), une découverte majeure pour la compréhension de la Lune.
Dès Apollo 11, on a évoqué l’hypothèse que la croûte des highlands s’était formée à partir du refroidissement d’un océan global de magma sur la Lune, un processus fondamental pour comprendre la structure des planètes.

L’une des plus grandes aventures qu’il ait été donné à l’être humain de mettre en place vient de s’achever ; c’est la charnière de ce programme Apollo qui va permettre le débarquement à venir de dix hommes supplémentaires sur la lune (douze au total).
Certaines et certains, comme nous à l’ASAT, sont encore fascinés par l’exploit réalisé datant déjà de plus de 54 ans, d’autres doutent et même d’ailleurs certaines, certains n’y croient toujours pas et prônent le complot.

Pourtant, un exemple comme un autre, nous avons sous les yeux une traduction de l’article de la Pravda (journal des publications officielles du Parti communiste) du 22/07/69 (juste après l’EVA d’Armstrong et Aldrin).
Smirnov V, journaliste à la « Pravda » a demandé à l’académicien Alexandre Pavlovitch VINOGRADOV, vice-président de l’académie des sciences de l’URSS, de commenter l’atterrissage des premiers hommes sur la lune. L’académicien, bien sûr, souligne l’exploit d’Apollo 11 et rend hommage au courage des trois astronautes américains.
Vous imaginez bien que s’il y avait eu le moindre doute quant à la réalisation d’une telle première, les Russes auraient été les premiers à dénoncer « un mensonge organisé » dans ce moment de guerre froide relatif aux rapports entretenus par ces deux nations poids lourds!

John Fitzgerald KENNEDY, depuis l’au-delà, a gagné son pari sans en récupérer les lauriers.

Avant la fin de la décennie, plusieurs hommes sont revenus, sains et saufs, après avoir posé le pied sur la Lune.