Apollo 13 (direction Fra Mauro)
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200000 personnes se pressèrent aux abords du site de lancement d’Apollo 13 contre 1 million de personnes (voire beaucoup plus selon certaines sources) arrêtées sur les autoroutes et sur les plages pour assister au décollage d’Apollo 11 ; signe évident du désintérêt du peuple américain pour l’exploration spatiale !
La mission Apollo 13 est composée de :
- Jim Lovell, « le vétéran » (Gemini 7, 12 et Apollo 8) et commandant de la mission (à gauche sur l’image)
- Ken Mattingly, pilote du CSM (au centre)
- Fred Haise, pilote du LM
Voici l’équipage sélectionné pour cette mission prévue pour rejoindre la région de « Fra Mauro », une zone montagneuse, située à l’Est de Mare Imbrium (la mer des pluies).
Une semaine avant le lancement, l’astronaute Charles Duke affecté à l’équipage de réserve, contracta la rubéole transmise par l’un de ses enfants. Il avait été en contact avec Ken Mattingly et, de ce fait, ce dernier, suspecté d’être infecté, pouvait compromettre la mission.
Mattingly était le seul des deux équipages (sélectionné et de réserve) qui n’avait pas encore été atteint de rubéole et c’est John « Jack » Swigert (au centre de la photo) qui le remplacera.
Après une période d’entraînement intense et le nouvel équipage officialisé, le 11 Avril 1970, Lovell, Haise et Swigert montent à bord d’Odyssey, le module de commande placé au sommet de la fusée Saturn V. Le lancement effectué, le cortège spatial atteint son orbite avec un tout petit souci (non, pas le principal souci ; il faut attendre un peu !!!). Vous savez que des vibrations intenses se répercutent sur la fusée lors de son ascension. On appelle l’intensité maximale de ces vibrations (pression dynamique), affectant la fusée, max Q. Ces forces dynamiques sont maximales entre 13 et 14 km d’altitude pour une mission « type Apollo ». Dans le cas présent, ces vibrations intenses vont avoir comme conséquence de stopper prématurément le moteur central du second étage. La trajectoire pouvant de ce fait être modifiée ainsi que la durée des différentes phases de vol, il a fallu maintenir un peu plus longtemps les 4 autres moteurs disposés autour du moteur défaillant pour maintenir la poussée et ainsi continuer sur la trajectoire prévue.
2h30 après le décollage et suite au rallumage du troisième étage, le train spatial est injecté sur une orbite de transfert vers la Lune. Le dernier étage est largué et le CSM manœuvre pour s’amarrer au LM. Petite nouveauté : lors des missions précédentes et après son largage, le troisième étage de la fusée était placé sur une orbite héliocentrique (autour du soleil) et ici on décida de l’envoyer percuter la surface lunaire.
Mais pourquoi ?
Les astronautes de la mission précédente avaient déposé à la surface de la lune un sismomètre passif et ainsi l’objectif étant de mesurer les ondes sismiques générées par l’impact de cet engin à construction humaine !
L’étage de 14 tonnes percute la surface à la vitesse de 10000 km/h à environ 140 km du sismomètre et enregistre une explosion équivalente à 7,7 tonnes de TNT. Les ondes sismiques parviennent au sismomètre 28 secondes après l’impact et continuent à se produire pendant un temps très long.
Durant le voyage aller, les astronautes proposent aux spectateurs américains une visite vidéo en direct de la capsule « Odyssey » et du module lunaire « Aquarius », mais aucune chaîne ne trouve pertinente la retransmission. Ce « live » ne rencontre que peu d’intérêt auprès du citoyen américain ! Toutefois, un simple poste radio permettra de divertir l’équipage.
Mais un événement gravissime va bientôt réveiller ce même citoyen américain ! Nous sommes à 56 heures après le lancement (oui, on a mentionné 55 h 54 mn et 53 s sur le préambule de la présente mission !) et Odyssey accouplé à Aquarius se trouvent à plus de 300000 km de la terre. « Jack » déclenche à la demande du centre de contrôle basé à Houston le brassage, par l’intermédiaire d’un ventilateur, de l’oxygène contenu dans le réservoir n°2.
Bon, vous voyez où je veux en venir !!!???? On s’ennuierait tellement si tout se déroulait normalement !!! Mais quand même !
L’oxygène liquide conservé sous pression à l’état mi-gazeux mi-liquide doit être homogénéisé à l’aide de ce brassage pour optimiser le fonctionnement du capteur devant mesurer la quantité d’O2 restante. Résultat : une explosion sourde est perçue par l’équipage 16 secondes après cet acte suivie du son d’une alarme ! Comme je vous le disais en préambule, les réservoirs d’O2 alimentent les piles à combustibles permettant la production d’électricité et d’eau du CSM Odyssey.
« Houston, on a un problème », prononcera Jack Swigert (d’autres sources évoquent : « Houston, on a eu un problème »).
On constate une chute de tension sur le circuit électrique B.
Houston : « Attendez, on vérifie ça ! »
Les fréquences cardiaques enregistrées sont incroyables ; elles atteignent 189 pulsations ! Un autre « Jack » demandera de répéter la phrase, il s’agit de Jack Lousma le Capcom à Houston qui demandera de répéter, et c’est Jim Lovell qui prononcera cette phrase devenue célèbre pour la seconde fois !
Nous sommes le 14 Avril 1970 et nos trois hommes donnent soudain un regain d’intérêt au programme Apollo.
« On a d’abord pensé qu’une météorite nous avait percutés !
On a entendu un gros boum et les alarmes se sont mises à sonner.
On a pas la moindre idée de ce qui se passe ! C’est dû à l’instrumentation ou à un vrai problème ?
Houston, je regarde par la trappe et quelque chose s’échappe………. dans l’espace !!!
On dirait une sorte de gaz !
Et là, on se dit, le module est fichu, on aura bientôt plus d’oxygène ! »
Les communications passent bien et Houston annonce qu’ils essaient de trouver une solution ! A droite et à gauche, on ressent un peu de confusion et le directeur de vol Gene Kranz dit : « OK, que tout le monde se calme ! Réglons le problème, n’aggravons pas la situation avec des suppositions. »
Voilà donc la situation à plus de 320000 km de la planète bleue et à environ 80000 km du but premier de cette mission : deux des trois piles à combustibles (obligatoires pour produire l’électricité et l’eau) sont HS et la troisième va rendre l’âme. Il n’est plus question de se poser sur la lune. A ce moment précis, il faut absolument procéder à une évacuation ordonnée du module de commande et de service vers le module lunaire.
Gene Kranz : « A tous les contrôleurs de vol, trouvez-moi des gars capables de déterminer la puissance minimale pour survivre dans le module lunaire. »
« Oui Gene ! Mais le module lunaire ne doit servir que pour quelques heures durant la mission complète et il est construit pour deux hommes maximum. »
Il est pourtant le seul endroit où il sera possible de survivre.
Bon, branle-bas de combat, il faut absolument sauver nos trois astronautes américains et l’Amérique décide de resserrer les rangs pour ramener nos guys sains et saufs sur leur planète d’origine.
Quel est le degré de gravité de cet évènement ?
Nos trois astronautes sont-ils en danger?
Vont-ils revenir vivants sur terre?
La suite… bientôt !
Didier